ARBRES monumentaux au XIX siècle: déja la défense et l'attention aux mesures.
Et planter un arbre, même pour profiter de l'ombre à l'avenir, était à l'époque un geste rituel et joyeux, qui - écrit J.J. Rousseau - donnait plus de satisfaction que l'exposition d'un drapeau interdit. Et nos ancêtres avaient même l’habitude de mesurer ces arbres (circonférence et diamètre du tronc, hauteur, longueur des branches, etc.), comme les amateurs des arbres aujourd'hui, qui semblent si “maniaques” è la plupart des personnes. Et les administrateurs, dans le cas malheureux de la mort ou l'abattage d'un arbre monumental, avaient soin de conserver dans les registres municipaux ses mesures exceptionnelles, pour la memoire future.
Tout cela nous l'avons decouvert par hasard en feuilletant Le Magasin Pittoresque, revue rare et raffiné de “curiosités” du Monde entier, imprimé à Paris à la moitié du XIX.e siecle, illustré de belles gravures de dessins originaux très détaillés: la photographie n'existait pas encore. Le deux articles sont datés 1850 e 1851. [N.V.] (1)
La plantation de cet arbre se fit avec solennité: les deux pensionnaires en furent les parrains, et, tandis qu'on comblait les creux, nous tenions l'arbre chacune d'un main, aver des chants de triomphe. On fit, pour l'arroser, une espèce de bassin tout autour du pied. Chaque jour, ardents spectateurs de cet arrosement, nous nous confirmions, mon cousin et moi, dans l'idée très-naturelle qu'il était plus beau de planter un arbre sur la terrasse qn'un drapeau sur la brèche, etc. »
Avec la suite des années, ce noyer devint fort beau, et, depuis la mort de l'auteur d'Emile, bien des touristes fireut vers cet arbre un pèlerinage. Maintenant ce noyer n'existe plus; sans souci de son origine, ou parce qu'il l'ignorait, un paysan l'abattit en 1792.
Non loin de Bossey, et sur le mème versant du grand Salève, s'élèvent les ruiues de l'abbaye de Pomiers, dont la fondation remonte à plus de sept siècles. La position de cet antique monastère est des plus gracieuses: adossé à la montagne, de magnifìques foréts la couronnent; de riches prairies partent de sa base et s'étendent au loin. C'est près de ce monument que l'on voyait des hètres gigantesques d'une venue admirable : le propriétaire actuel les a fait abattre.
Traversons Genève pour visiter Beaulieu qui, ainsi que l'annonce son nom , est une villa sise dans l'une des plus agréables contrées du petit Sacconnex. Là esiste un cèdre du Liban planté en 1735. En 1843, sa hauteur dépassait déjà 30 mètres. Le tronc de cet arbre, mesuré en dernier lieu à un mètre du sol, a présenté une circonférence de 4 mètres 20 centimètres. L'étendue que couvrent ses branches est d'un diamètre de 19 mètres et demi.
En cótoyant la rive vaudoise au nord du lac, on parvient à Morges. Avant d'entrer dans cette jolie cité, on longe une belle prairie, dans laquelle existe un ancien tirage: c'est là que l'on voyait encore, il y a seize ans, deux arbres jumeaux à peu près de la mème taille. Le plus majestueux de ces deux ormeaux succomba dans la nuit du 4 au 5 mai 1824, vers une heure, par un temps parfaitement calme. Il s'inclina au sudest. Cette chute ne put étre attribuée qu'à l'extrème vieillesse de la plante, dont la plupart des racines se trouvèrent pourries. Deux branches énormes, et d'un poids très-considérable, détruisirent l'équilibre que n'entretenait plus la résistance des racines.
La perte de cet ormeau causa une douleur réelle aux habitants de Morges, qui, ayant fouillé les registres publics de leur ville, trouvèrent qu'en 1541 il existait une fontaine près de ces arbres d'une grosseur remarquable dès ce temps-là. Ces mémes registres apprendront aux descendants que l'ormeau tombé fut mesuré, par ordre du magistrat, pour conserver le souvenir de ses dimensions. Voici le relevé de ce qui a été enregistré. A la sortie des branches du tronc, cet ormeau avait 11 mètres et 16 centimètres de circonférence; le mème tronc, à sa sortie du sol, avait un diamètre de 5 mètres 70 centimètres. La longueur du tronc, dès la terre jusqu'à la naissance des branches, avait une élévation de 3 mètres 88 centimètres. Cinq de ses branches principales ont offert les circonférences suivantes la première 5 mètres 44 centimètres ; la seconde 3 mètres 88 centimètres; la troisième 3 mètres 21 centimètres; la quatrième 3 mètres 10 centimètres; la cinquième 3 mètres 5 centimètres. Une de ses branches conservait une grosseur égale sur une étendue de 9 mètres 74 centimètres, et, parvenue à une élévation de 23 mètres, sa circonférence était encore de 97 centimètres. Si !'arbre survivant peut conserver ses racines bien saines, il est facile de prévoir que, dans un temps peu reculé, il dépassera considérablement en grosseur colui qui succomba en 1824.
A une distante de 2 kilomètres de Lausanne, près de la route qui conduit en France par Cossonay, se trouve un village nommé Prilly, auprès duquel existe un tilleul d'une grosseur très-remarquable, et dont l'ombre, au treizième siècle, couvrait la justice du lien lorsqu'elle rendait ses oracles, ce qui doit faire admettre qu'à cette époque, dont cinq cents ans au moins nous séparent, cet arbre devait avoir déjà atteint une certaine grandeur. Des observateurs prétendent que, dans ses dimensions, il dépasse l'ormeau de Morges.
Cet arbre géant est la propriété de la municipalité de Lausanne, qui le surveille avec soin. Une petite fontaine, appartenant à la commune de Prilly, entretient la fraicheur de ses racines. Il y a quelques années, cette fontaine exigea des réparations qui devinrent l'occasion d'un arrangement entre les deux communes. Il y fut stipulé que les habitants de Prilly prendraient les plus grandes précautions pour n'endommager en aucune manière l'arbre vénérable, et que, sans cesse, ils lui donneraient des soins et auraient pour lui une attentive sollicitude. De son coté, la municipalité de Lausanne a pris l'engagement de ne jamais faire abattre ce tilleul; en sorte que les arrière-neveux des contractants peuvent espérer de jouir successivement et pendant des siècles de la vue d'un arbre véritablement phénoménal, puisque sa végétation est déjà étonnante de nos jours.
Un ormeau s'éleve majestueusement à l'entrée de Lutry, et quoiqu'il ne soit pas aussi grand que le tilleul de Prilly, il n'en est pas moins très-visité, soit à cause de son ancienneté, soit aussi pour son magnifique développement. Comme nous ne voulons nous occuper ici que des arbres de la vallée du Léman, nous signalerons seulement un tilleul qui orne Villars; il y fut planté, à ce qu'on assure, pour perpétuer le souvenir de la bataille de Morat en 1476. Traversant le lac depuis Lutry, on débarque à Meillerie, dont les rochers suspendus ne sont séparés du Léman que par la belle route du Simplon. De Meillerie, et par des sites enchanteurs, on arrive au curieux manoir des Taleman, théàtre d'une légende aussi mysterieuse que saisissante. Du manoir de Taleman, on vient a celui de Maxili, et, au milieu du plus beau panorama, on rencontre le château de Neuve-Celle, où chacun vient admirer le châtaignier célèbre dont nous donnons un dessin. Sans doute cet arbre était déjà très développé en 1480: en ce temps il abritait un humble ermitage. Il présente aujourd'hui à sa base une circonférence de 13 mètres. Sa couronne a maintes fois été frappée de la foudre. Mais quoiqu' on doive regretter ces accidents , il est encore tris-remarquable: aussi voit-il, pendant la belle saison, de nombrenx admirateurs arriver d’Èvian pour se reposer sous son ombrage.
Évian, dont les eaux minérales alcalines sont si renommées, n'est distant de Neuve-Celle et de son châtaignier que d'un kilomètre au plus: descendons-y terminer notre excursion. Dans l’enclos des bains, nous ne trouvons ancun arbre de la dimension de ceux que nous avons déjà décrits; il n'y a dans ce petit parc ni ormeau, ni tilleul, ni châtaignier, mais on y trouve, au delà du pont qui joint la terrasse au parterre, et un peu au-dessous de la source, deux rosiers de mème forme et presque égaux en grandeur et en grosseur, donc le tronc a 27 centimètres de circonférence. Ces arbres, quoique d'un aspect bien différent de ceux donc nous avons parlé plus haut, ne sont point pour le voyageur une moins agréable cause de surprise.
Qui a passé une saison sur les bords du bleu Léman, au centre d'une végétation si belle, n'en perd jamais le souvenir.
Le chêne dont nous donnons le dessin [voir en haut, sous le titre, NdR] est remarquable par ses énormes proportions et son grand àge; il a été signalé pour la première fois à l'attention publique par un observateur savant de la Rochelle, M. Charles Dessaline d'Orbigny père, à qui les sciences naturelles doivent un grand nombre de travaux précieux.
L'arbre existe à un myriamètre environ à l'ouest-sudouest de Saintes, prés de la route de Cozes, dans la vaste cour d'un manoir moderne nommé Montravail; il appartient à l'espèce désignée par les botanistes sous les noms divers de Quercus longaeva, Q. foemina, Q. robur, etc. Ce patricien des foréts de la Saintonge est depuis longtemps couronné, mais il est assez robuste pour pouvoir vivre encore bien des siècles, si quelque main vandale n'y porte pas la hache. Son écorce, de laquelle seule il tire encore de la sèvc, est vivace, très-saine, et fournit assez de sucs nourriciers pour entretenir dans les branches un feuillage frais, trés abondant et d'un beau vert.
Voici approximativement ses proportions: diamètre du tronc au niveau du sol, 8 à 9 mètres; - à hauteur d'homme, 6 à 7 mètres; - de la base des principales branches, 1 à 2 mètres; - du développement général des branches, 38 à 40 mètres; - hauteur du tronc au-dcssous des branches, 7 mètres; - hauteur générale de l'arbre, 20 mètres.
On a creusé dans le bois mort de l'intérieur du tronc un salon de 3 à 4 mètres de diamètre sur 3 mètres de hauteur; on y a ménagé un banc circulaire taillé en plein bois; on place, au besoin, une table ronde au milieu, et douze convives peuvent facilement s'asseoir autour; enfin une fenêtre et une porte vitrée donnent du jour à cette salle à manger d'un nouveau genre, que décore une tapisserie vivante composée de fougères, de champignons, de lichens et de mousses.
Sur une lame de 30 centimètres de bois enlevé du tronc, vers le haut de l'entrée, l'observateur que nous avons cité a pu compter deux cents couches concentriques, d'où il résulte qu'en prenant le rayon horizontal de la circonférence au centre, il existerait de dix-huit cents à deux mille de ces couches, et en admettant que chacune d'elles soit le produit d'une année d'accroissement, comme c'est le cas assez général pour les arbres dicotylés, le nombre total des couches porterait son àge à près de deux mille ans !
On espère que les propriétaires du manoir de Montravail n'abattront pas ce magnifique et unique monument de 1'antiquité végétale, digne, au plus haut point, de l'admiration de tous.
D'après des renseignements qui paraîtraient certains, il existe près le bourg de Varzay, dans le mème pays, un autre arbre presque aussi volumineux que colui de Montravail.
Le vieux chêne du cimetière d'Allouville (voy. la Table des dix premières années), près d'Yvetot en Normandie, ressemble à l'arbre de Montravail, et paraît étre de la même espèce ; mais il lui est de beauconp inférieur dans ses proportions, et on lui accorde à peine neuf siècles d'existence; cependant il est cité comme une des merveilles de la France.
Quant à cet énorme chàtaignier dit des cent chevaux, qu'on voit sur un des flancs de l'Etna (voy. la Table des dix premières années), sa circonférence n'est formée que par la réunion de branches distinctes, mais rapprochées de manière à simuler un mème tronc; elles sortent toutes d'une base commune qui est profondément enfouie sous des cendres volcaniques: c'est donc, non pas un tronc unique comme colui que possède le département de la Charente-Inférieure, mais la réunion de plusiears arbres particuliers.
Un autre arbre encore debout avait, à un mètre du sol, 31 mètres de circonférence; il fallait, par conséquent, vingt hommes pour l'embrasser.
La quantité de bois fournie par un de ces colosses est prodigieuse. Le voyageur cuba le premier dont nous avons donné les dimensions, et trouva qu'il pèserait 446 886 kilogrammes,
Les arbres dont nous venons de parler sont les colosses du règne végétal; ils dépassent la taille de la plupart des arbres; autant que les cachalots et les baleines dépassent celle des plus gros animaux. Tous les Chênes, Pins, Tilleuls, Dracaena, Adansonia, cités jusqu'ici comme extraordinaires par leurs dimensions, rentrent dans la règle commune et ne sont plus des exceptions dans le règne végétal.
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Costeggiando la riva di Vaud al nord del Lago si arriva a Morges. Prima di entrare in questa graziosa cittadina, si cammina lungo un bel prato, dove c'è un vecchio tiro a segno: è qui che si vedevano ancora, sedici anni fa, due alberi gemelli più o meno della stessa taglia. Il più maestoso di questi due olmi morì la notte dal 4 al 5 maggio 1824, verso l’una, con un tempo perfettamente calmo. Si inchinò verso sud-est. Questa caduta non poté essere attribuita che alla estrema vecchiezza della pianta, le cui radici furono trovate per lo più marce. Due enormi rami, d’un peso molto considerevole, ruppero l’equilibrio non più mantenuto dalla resistenza delle radici.
La perdita di questo olmo fu un vero dolore per gli abitanti di Morges, che, dopo aver sfogliato i registri pubblici della città, scoprirono che nel 1541 c'era una fontana vicino a questi alberi, di una grandezza notevole per quei tempi. Questi stessi registri diranno ai discendenti che l’olmo caduto era stato misurato, per ordine del sindaco, allo scopo di conservare il ricordo delle sue dimensioni. Ecco quello che si è trovato scritto. All’attaccatura dei rami al tronco, questo olmo aveva 11 metri e 16 centimetri di circonferenza; lo stesso tronco alla base misurava un diametro di 5 metri e 70 centimetri. La lunghezza del tronco dal terreno fino all’attaccatura dei primi rami era di 3 metri e 88 centimetri. Cinque dei suoi rami principali hanno dato le seguenti circonferenze: il primo 5 metri e 44 centimetri; il secondo 3 metri e 88 centimetri; il terzo 3 metri e 21 centimetri; il quarto 3 metri e 10 centimetri; il quinto 3 metri e 5 centimetri. Uno dei suoi rami conservava una grossezza uguale per 9 metri e 74 centimetri di lunghezza, e, arrivato a un'altezza di 23 metri, la sua circonferenza era ancora di 97 centimetri. Se l’albero che sopravvive conserva le sue radici sane, è facile prevedere che in un tempo remoto supererà considerevolmente le dimensioni di quello morto nel 1824.
Questo albero gigante è di proprietà del Comune di Losanna, che lo sorveglia con attenzione. Una piccola fontana, appartenente al comune di Prilly, mantiene la freschezza delle sue radici. Alcuni anni fa questa fontana richiese riparazioni che diventarono occasione di un accordo tra i due Comuni. E 'stato stabilito che la gente di Prilly prenda tutte le precauzioni per non danneggiare in alcun modo l'albero venerabile, e che di continuo lo si curi con attenta sollecitudine. Da parte sua, la città di Losanna ha preso l’impegno di non far mai abbattere questo tiglio; in modo che i pronipoti dei contraenti possono sperare di godere in futuro e per secoli la vista d’un albero davvero fenomenale, dato che la sua vegetazione è già sbalorditiva ai nostri giorni.
Un olmo s’innalza maestoso all'ingresso di Lutry, e anche se non così grande come il tiglio di Prilly, non è comunque meno visitato, sia a causa della sua vecchiezza, sia per il suo magnifico sviluppo. Poiché vogliamo occuparci qui solo degli alberi della valle del Lemano, segnaleremo solo un tiglio che orna Villars; vi è stato piantato, a quanto ci assicurano, per perpetuare la memoria della battaglia di Morat nel 1476. Traversando il lago dopo Lutry, si sbarca a Meillerie, le cui rocce sospese sono separati dal Lemano che dalla bella strada del Sempione. Da Meillerie, e attraverso luoghi incantevoli, si arriva al curioso maniero di Taleman, teatro di una leggenda tanto misteriosa che sorprendente. Dal palazzo Taleman si arriva a quello di Maxili, e al centro d’un magnifico panorama, s’incontra il castello di Neuvecelle, dove tutti vengono ad ammirare il famoso castagno che diamo un disegno [v. sopra]. Senza dubbio questo albero era già molto sviluppato nel 1480: a quel tempo riparava un umile eremitaggio. Presenta oggi alla sua base una circonferenza di 13 metri. La sua chioma è stata più volte colpita dai fulmini. Ma anche se dobbiamo dolerci per questi accidenti, è ancora molto notevole: tanto che vede, durante la bella stagione, arrivare numerosi ammiratori da Évian per riposarsi sotto la sua ombra.
Évian, le cui acque minerali alcaline sono così rinomate, non è distante da Neuvecelle e dal suo castagno che un chilometro al massimo: andiamoci per terminare la nostra escursione. Nel recinto dei bagni, non troviamo nessun albero delle dimensioni di quelli che abbiamo già descritto; non vi è in questo piccolo parco né olmo, né tiglio, né castagno, ma vi si trova, al di là del ponte che unisce la terrazza al parterre [le aiuole con fiori e piante basse, NdT], e un po’ al di sotto della sorgente, due rosai della medesima forma e di mensioni quasi uguali, il cui tronco a 27 centimetri di circonferenza. Questi alberi, anche se di un aspetto molto diverso di quelli di cui abbiamo parlato sopra, non sono affatto per il viaggiatore un motivo di sorpresa meno piacevole.
IMAGES. 1. La chêne gigantesque de Montravail (Le Magasin Pittoresque, 1850). 2. L'enorme châtaignier monumental de Neuvecelle, au bord du lac de Genève (Le Magasin Pittoresque 1851 (disegno di Daubigny). 3. Le Magasin Pittoresque, Paris, année 1850.
AGGIORNATO IL 7 MARZO 2016
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