23 settembre 2015

JAZZ. Le Monde loda «le jeune critique Nico Valerio», che diventa protagonista.

Convegno di critici a Torgiano
LA DIFFUSIONE DEL JAZZ ALLA RADIO
Il celebre Lucien Malson, noto sociologo ("Les Enfantes Sauvages" ecc.), fondatore della critica jazz radiofonica in Francia, carattere appassionato, ma lingua irta e difficile da intellettuale che privilegia concetti meditati e originali (quale differenza con certi pseudo-critici jazz che abbiamo conosciuto!), descrive con entusiasmo su Le Monde (29-30 ottobre 1978) l'intervento del «jeune critique Nico Valerio», che quasi diventa, in modo imbarazzante per il giovane critico stesso che rilegge oggi quell'articolo, il vero protagonista del Convegno di critici jazz a Torgiano (Umbria), tutto incentrato sulla diffusione della musica jazz attraverso la radio.
      Altri tempi. Allora non potevamo saperlo, ma erano "bei tempi", visto quello che è successo dopo, sia per il jazz, sia per la radio. In realtà a Malson, combattente e polemista in tante battaglie intellettuali, a cominciare da quella intrapresa nel Dopoguerra assieme ad altri giovani critici jazz (come il versatile ed eccentrico Boris Vian), contro il passatista Panassié, doveva semplicemente esser piaciuto un carattere simile al suo, e una relazione "battagliera" che - se ricordiamo bene - metteva sul banco degli accusati programmisti e conduttori (allora soltanto della RAI) per una presentazione mediatica del jazz poco seria, poco musicologica, poco storica, poco critica, insomma poco "scientifica", che non fornisce agli ascoltatori né le nozioni di base, né le chiavi di interpretazione, seguendo non le leggi interne di questa musica d'arte, ma i modelli radiofonici pensati per la musica di consumo commerciale (pop e rock), e anche le mode e i facili gusti del pubblico meno colto.
      Bei tempi, dicevamo, perché pur con i suoi difetti, allora qualche autonoma trasmissione di jazz esisteva alla radio. 
      Oggi, invece, è del tutto assente. Si sa che la personale cultura dei programmisti radiofonici è oggi bassissima, anche perché moltissimi di loro sono stati assunti per raccomandazione di politici o amici di politici, e che hanno preso il vezzo di scusarsi con la "scarsa popolarità" del jazz che non attrae - secondo loro - la pubblicità, unica vera padrona della radio, ormai. 
      Ma ignorano il carattere educativo e formativo del gusto che devono avere la radio e la televisione quando sono di proprietà dello Stato. Perché con questa logica aberrante dovremmo chiudere anche scuole, musei e biblioteche, e addirittura ospedali, che effettivamente - se ci pensate - non piacciono alla pubblicità (e i primi tre neanche al largo pubblico...). 
      Invece, c'è un "bisogno" di musica d'arte (non solo la musica jazz, ma anche Bach, Vivaldi, Corelli, Hindemith ecc. sono assenti alla radio italiana), che va proposta comunque, per educare il pubblico, per far crescere il gusto e l'amore per il Bello, per suggerire collegamenti e confronti con altre forme d'arte. Esattamente come si fa con le opere di Piero della Francesca, Leonardo o Caravaggio.

A Torgiano, à quelque 160 kilornètres de Rome où la radio italienne se fait, a eu lieu le premier colloque inter­national d'études sur le jazz. L'initiative en avait été prise par M. Baldari, directeur de la première chaîne (Radiouno), lequel assista aux trois jours de débats. Trente‑trois représentants des nations invitées ont participé à ce séminaire d'où l'on put retirer, d'une part, une information précise sur l'espace et la place, la forme et la contenu, la signification et la finalité donc, des emissions de jazz sur les antennes d'Europe, d'autre part, sur ce que pourrait ou devrait être en mieux la présentation de ce domaine dans le proche ou le lointain avenir.

Premier constat: à peu près tous les Pays du vieux continent, à l'Ouest, diffusent le jazz largement, d'abord par saupoudrage dans le champ de la variété mais encore et surtout par concentration dans des cases spécifiques. Cette concentration est un phénomène général. Elle a pour raison l'existence d'un public de minorités qui frappe par son assiduité, ses propres désirs, voire par son allergie au mélange des genres ‑ allergie qui ne lui est pas particulière : on observe, en effet, qu'une réciproque résistance s'exprime à l'égard du jazz chez un petit nombre de mélomanes du « classique » et chez un grand nombre d'adeptes du rock ou du folk. Une enquête conduite au Salon du son, à Paris, naguère, mit en relief très bien ces incompatibilités d'humeurs.

Souvent plus de six heures. Le temps occupé par le jazz ne descend pas, pour sept jours, au‑dessous des quatre heures. Ainsi en est‑il en Finlande, dit Matti Kontinen, en Autriche, en Norvège, en Espagne, si l'on en croit Erich Kleinschuster, Josh Berg et Alfonso Gallego. Ce temps est souvent égal ou très supérieur aux six heures, nous apprennent Mladen Mazur pour la station de Zagreb, l'un des six offices yougoslaves. Michiel De Ruyter pour l'une des sept chaînes de radio hollandaises qui diffuse dix heures, Teddy Warrick pour la B.B.C., Geo Voumard pour la Suisse, où six canaux distincts véhiculent quatorze heures de jazz d'un dimanche à l'autre, Joachim‑Ernst Berendt, enfin, pour les onze sociétés régionales allemandes qui propulsent ensemble cinquante heures de jazz par semaine, six foix plus, en gros, que notre France, qui n'est pas un Etat fédéral et ne peut donc multiplier semblablement les opérations de mème espèce.

Quand la récession menace. La plupart des intervenants au congrès de Torgiano ont ajouté en choeur qu'il faut considérer non seulement la superficie de la province jazzique, mais encore sa situation dans la grille horaire : à midi, à 20 heures, à minuit, et au‑delà. Des cinglés du jazz, on ne peut attendre concessions ou faiblesses. Ils regimbent chaque fois que la vie radiophonique de leur folie se trouve reléguée à une surface amoindrie, une position dégradée, une situation abaissée. A la radio, ce qui contribue à en affaiblir la durée, ce qui conspire à en déplacer les moments vers des ghettos nocturnes sans audience, les complots destinés à en brouiller la vigueur dans les creusets «popisants», les abrégements, les déportations, les noyades, sont les signes à travers quoi les jazzistes saisissent le sens d'une politique qu'ils ne sauraient approuver. Ce qui, en revanche, donne de l'ampleur, du relief, de la portée, à la musique qu'ils ont choisie, toujours les enchante. Par malheur, les renforte amicaux et extérieurs à la famille, s'ils se manifestent promptement quand la récession menace, disparaissent aussitôt que le malaise est dissipé, Qui parle, dans les chroniques spécialisées, des émissions de jazz, en mal OU en bien, demandait un jour Averty, si ce n'est à l'instant où les ukases les ont « réduites » ?

Il eùt été impensable, à Torgiano, que la question des styles à propager, des écoles à défendre, ne fut pas violemment posée. Joachim‑Ernst Berendt expliqua le point de vue de Sudwestrundfunk: il faut aider les musiciens d'avant‑garde, qui représentent aujourd'hui ce que Armstrong représentait autrefois: la rupture d'adhérence aux normes. Armstrong, Parker, signifient maintenant le contraire: devenus des images, des vecteurs de conformité. Il y a lieu, fut‑il répondu, de se méfier tout de mème de ces métaphores militaires. Elles impliquent l'idée que l'on sait la sens de l'histoire dans les arts, et qu'on ne doute pas en quelle direction va, après le groupe d'éclaireurs, se diriger le gros des bataillons.
D'autre part, s'il est vrai que seuls les mauvais amis du jazz se contentent de ce qu'il fut et, de ce fait, travaillent à la limitation de son règne, Il n'est pas moins évident que la musique de Parker ou d'Armstrong fut et reste inégalée, strictement inimitable expression d'un homme unique d'un certain temps, donc à jamais originale et qu'aucune évolution des moeurs esthétiques ne sera susceptible de banaliser. C'est sans doute pourquoi Baden‑Baden, comme Francfort, ou Brême, diffusent, outre ce qui est contemporain, ce qui appartient au passé et reste, par cette raison mème précieux, sans équivalent. A ce passé, dirent André Clergeat et André Francis, beaucoup d'auditeurs se révèlent attachés, alors que beaucoup d'autres, qui n'ont pas tort, souhaiten très ardemment n'y pas confiner leur écoute.

Le souvenir d'un maître rigolard. Comment, enfin, parler de tous ces jazz, à la radio? Gino [Gianni, NdR] Gualberto (Radiouno) s'excuse lui‑même d'une intervention qui pourra paraître professorale en mettant en question le discours de professeur, qu'à l'antenne, à son gré, on entend trop. Arrigo Polillo se demande si l'on ne prononce pas des termes qui évoquent un magistère pour en espérer des effets négatifs. Ces vocables sont trop vagues. Par définition, un savoir se transmet. Il implique pour un sujet et pour un autre des situations dissymétriques au demeurant provisoires. Il faut les assumer sans hypocrisie. Et s'il existe des maitres funèbres, qui n'a dans sa pensée au moins le souvenir d'un maître rigolard?

Regrettons, ajoute dans une belle intervention le jeune critique Nico Valerio, le propos de tous ces qui prétendent que la jazz doit échapper à l'analyse. La part de la technique n'a pas à être définie une fois pour toutes et pour tous les cas : elle dépend de l'heure, de la demande explicitée et, bien certainement, de la nature du public auquel telle ou telle chaîne s'adresse, et l'humour, dans les efforts les plus épineux, ne sera indésiderable jamais. Valerio s'élève avec véhémence contre une mode qui aboutit parfois à traiter du jazz comme des musiques de l'aliénation et de la superconsommation, mode qui laisse parler l'ignorance au nom de la liberté, alors qu'il n'est pas de liberté vraie sans vraie connaissance, sans une science des réalités.
Celles‑ci ne sont d'ailleurs pas épuisées par le commentaire politique, comme l'avait rappelé Franco Fayenz. C'est dans toutes leurs dimensions qu'elles méritent d'etre abordées.
On ne peut, surtout, selon Valerio, reprocher aux jazzistes avec Gino Castaldo (Radiotre) de s'occuper d'abord du jazz et de morceler la musique. La condamnation des distinctions, sous son apparence généreuse, est à la fois simpliste et dévastatrice: elle tend à gommer les différences pourtant patentes au niveau des propriétés descriptives comme des inscriptions sociologiques, elle mène tout droit à la tour de Babel.
Ce n'est pas, en effet, notre faute à nous, jazzistes, si très peu de fois par siècle des phénomènes tels que le surréalisme ou tels que le jazz viennent changer le cours de l'aventure des hommes avec cette force illuminative et cette authentique nouveauté. Nul ne doute, du reste, aujourd'hui dans les radios, ainsi qu'en témoigna Geo Voumard en conclusion, le dernier jour du colloque, que le jazz n'ait apporté à la musique et, plus généralement, a la sensibilité du siècle, quelque chose d'absolument essentiel.
LUCIEN MALSON

IMMAGINI. 1. Convegno di critici visto dal disegnatore satirico M.Henry (sono, da sinistra, M.Foucault, J.Lacan, C.Lévi-Strauss e R.Barthes). La Quinzaine Litteraire, 1967. 2. Le Monde: un numero di quell'anno, il 1978. 3. Les maitres du Jazz, un libro del famoso sociologo (Les Enfants Sauvages ecc.) e critico di jazz Lucien Malson. 4. Il quindicinale Les Cahiers du Jazz che Malson fondò e diresse con F.Tenot. Nella dialettica, spesso dura, che oppose nella Francia del Dopoguerra i conservatori di Hugues Panassié, fautore esclusivo e fanatico del jazz antico e solo nero-americano, ai modernisti come Charles Delaunay e Boris Vian che guardavano con interesse e simpatia anche al nuovo jazz be-bop, Lucien Malson era schieratissimo con i secondi. 5. Il "giovane critico" Nico Valerio, noto tra gli amici come "Generale Custer", proprio in quegli anni seguiva spesso dal palco i musicisti. Eccolo in un "fermo" sgranato di un filmato di YouTube, a Umbria jazz con alcuni colleghi dietro la batteria di Billy Higgins, del gruppo di Cedar Walton.

AGGIORNATO IL 25 LUGLIO 2021